Miele

Miele, c’est le surnom qu’Irène s’est choisi. Silhouette de garçon manqué, discrétion teintée de mystère. La voilà qui s’envole pour le Mexique où un pharmacien lui fournit, sans trop sourciller, des doses de barbituriques. De retour, elle se rend chez ses “patients” et tel Charon sur sa barque, les accompagne dans leur ultime voyage. Marchande de sable providentielle pour les uns, ange de la mort pour les autres, Miele assiste, dans un respect gêné, aux douloureux adieux d’un mari à sa femme, d’une mère à son fils paralysé, jusqu’au jour où elle rencontre Carlo Grimaldi, un septuagénaire en parfaite santé, mais désireux d’en finir malgré tout. Périlleuse entreprise pour Valeria Golino qui effectue sa première traversée du miroir. Une initiation pour le moins audacieuse puisque, après Marco Bellocchio et sa Bella Addormentata, elle choisit à son tour de se confronter aux délicats sujets de l’euthanasie et du droit de contrôle sur son corps et sa vie. Bellocchio y était allé de toute son expérience. Golino ne tremble pas, elle interroge : les motivations de l’héroïne sont-elles financières, morales, militantes ? Quelle hiérarchie entre les “vraies” maladies qui suscitent empathie et compassion, et celles invisibles comme le mal de vivre ? Si la cinéaste ne sombre pas dans l’écueil du film partisan caricatural, son œuvre souffre d’un réel manque de rythme. Faute de psychologies développées. Faute de scénario suffisamment écrit. Le récit s’éparpille trop souvent dans des séquences formelles inutiles qui font de Miele un film courageux, mais inabouti.

Par Mathieu Menossi