Mauvaise graine

Le cinéma de Claudio Caligari est le cinéma des illusions perdues. Mauvaise graine, son ultime film, présenté à la Mostra de Venise après sa mort, en 2015, a conclu la fin d’une trilogie de la périphérie débutée en 1983 avec Amore tossico, l’histoire crue façon Trainspotting, d’une dépendance à l’héroïne interprétée par des junkies de la vie réelle et d’anciens toxicomanes. En 1998, L’odore della notte, le deuxième volet, son deuxième film, adaptait un roman de Dido Sacchettoni, pour un récit dans le milieu du banditisme romain. Avec Mauvaise graine, ce cinéaste, auteur de plusieurs documentaires sur le monde de la drogue et sur les collectifs militants dans les années soixante-dix, est allé tourner sur les lieux de la mort de Pasolini, la plage sale d’Ostie où il avait été assassiné en 1975.

Claudio Caligari, qui avait voulu être l’assistant de Pasolini, y met en scène deux jeunes garçons comme des frères, dans les années quatre-vingt-dix, dealant les pilules du bonheur des drogues synthétiques. Inspiré par Vittorio de Seta, autre cinéaste des marges, il filme ces inséparables qui s’abîment avec une formidable énergie vitale, portée par les vibrants  Luca Marinelli et Alessandro Borghi.