Triple frontière

Old school

Construit de façon fort classique et porté par un casting viril, le quatrième film de J.C. Chandor, musclé et humain, est un blockbuster comme on n’en fait plus.

Dans la courte filmographie de J.C. Chandor (quatre films pour l’instant), se distinguent deux types d’œuvres : les films urbains d’intérieur (Margin Call et A Most Violent Year) et les grands spectacles à ciel ouvert (All Is Lost et Triple Frontière). Après vision de Triple Frontière, on peut affirmer que la seconde catégorie reste la plus séduisante. Comme pour All Is Lost et son naufragé en pleine mer, l’argument est ici des plus simples : cinq membres des forces d’intervention spéciales américaines décident de mettre leurs aptitudes et leurs connaissances en commun pour commettre un important braquage chez un narcotrafiquant dans un pays d’Amérique du Sud. L’opération rondement menée, les hommes, confrontés à de multiples imprévus, seront forcés de prendre la fuite dans une région montagneuse hautement inhospitalière. Construit simplement en deux temps, l’opération puis la fuite, Triple Frontière est un modèle de rectitude et d’efficacité. Nulle surprise dans cette épopée sur des héros devenus mercenaires, qui se transforme peu à peu en un parcours moral. Mais une grande satisfaction, celle de voir un blockbuster (braquage, escapade spectaculaire, gros flingues et casting viril et populaire, parmi lesquels Ben Affleck et Oscar Isaac) tout simplement mis en scène. Chandor, qui compte parmi les séduisants néoclassiques hollywoodiens contemporains (James Gray, Jeff Nichols, David Robert Mitchell), connaît la valeur d’un plan et ne surdécoupe jamais son action. Tout comme il prend bien soin de construire ses personnages, afin que son spectateur ressente quelque chose quand ceux-ci seront mis en danger. Dit comme cela, ça a l’air évident, mais c’est devenu tellement rare qu’il est bon de le signaler.