Seven Sisters

Sept fois Noomi Rapace

Une seule actrice, sept rôles de sœurs jumelles aux noms de jours de la semaine : Noomi Rapace se métamorphose et démultiplie, vertige schizo, dans Seven Sisters.

Noomi Rapace est polymorphe. Le transformisme étant le propre de l’acteur, son incarnation multiple dans Seven Sisters ne tient pas exactement de la performance contre-nature. Si ce rôle tout-en-un se singularise, étonne, saisit, c’est qu’elle fait plus que de changer de peau. Elle est hors du commun quant au travail de l’acteur, car à la fois un personnage unique et différent. Comme James McAvoy dans Split, le dernier long-métrage de M. Night M. Shyamalan, l’actrice suédoise fusionne dans un même corps des personnalités distinctes. Mais Split est un film malade autour d’un psychopathe souffrant de trouble dissociatif de l’identité, quand Seven Sisters inscrit son scénario dystopique dans le futur politique d’une société surpeuplée vivant sous le régime de l’enfant unique. Sept sœurs jumelles vivent cachées dans un appartement par leur père, Willem Dafoe,  et ne sortent que sous un même nom et une même apparence : Karen Stettman. L’un des enjeux dramatiques du film de Tommy Wirkola tient à la mise au jour, à l’extérieur, de leur existence gémellaire interdite et condamnée. La narration va et vient entre le huis clos de leur enfermement, l’appartement de l’harmonie et de la sororité bienveillante, et la société extérieure policée et contrôlée, endroit de la menace, du danger et de la violence.

Si James McAvoy dans Split changeait de voix, de gestuelle, de langage, de vêtements, il s’agissait d’autant de masques d’un même caractère ; il n’était jamais confronté à lui-même. Noomi Rapace doit non seulement varier son travail morphologique et d’incarnation, mais prendre en compte la personnalité propre à chacune des sept sœurs jumelles. Et jouer avec elle-même quand la scène les réunit.  Magistrale, Noomi Rapace dépasse donc le simple jeu des apparences et du travestissement de l’acteur, du grimage et du maquillage. À chaque personnage, elle a trouvé une personnalité, leur associant des musiques et des parfums propres. Sa manière de les faire exister de manière différenciée, dans un jeu stupéfiant, de construction et déconstruction d’un rôle hors norme.