J’veux du soleil !

C’est la lutte…

Promenade autour des ronds-points, pour des portraits d’hommes et de femmes en lutte après trop de lendemains qui déchantent…

En décembre, sur un coup de tête, ils sont partis : Gilles Perret, réalisateur de documentaires bien costauds (La Sociale, L’Insoumis) et François Ruffin, député de la Somme, journaliste et fondateur de Fakir, réalisateur de Merci patron !. Six jours, à deux, dans une voiture (après révision des plaquettes de frein !) pour aller à la rencontre des hommes et des femmes faisant entendre leur détresse, leur colère, et rassemblés sous le nom fourre-tout de « gilets jaunes ». Ils y vont, ils y croient, et du nord au sud de la « Douce France » chantée jadis par Trénet, ils croisent des personnes, debout pour ne pas rester à terre. Des hommes et des femmes qui mangent grâce à des bons d’achat gagnés au Loto Quinn, qui ne savent pas comment offrir un cadeau à leur enfant, qui rient pour ne pas pleurer. Et qui redécouvrent une forme de solidarité, un « tous ensemble » qui s’était perdu au fil de la dureté de leurs vies personnelles.

Bien décidés à faire « un film d’amour », Ruffin et Perret ont clairement écarté au montage ceux (casseurs, fachos, et autres…) qui auraient pu apporter un gros bémol aux histoires souvent déchirantes et révoltantes qui se racontent sous nos yeux. Mais c’est un angle, après tout, de redonner à la classe ouvrière la grandeur qui est en elle. En parlant de cet homme qui lit la Constitution avec un dictionnaire, de cette femme pour qui la chose politique a désormais un sens…

Et puis, en parallèle, le montage vif et malin renvoie l’image de violence véhiculée par les médias et les phrases cinglantes du président de la République Emmanuel Macron, du « pognon de dingue » au « premier de cordée »… J’veux du soleil ! est déjà de l’histoire ancienne, sortant en salles à l’heure où le mouvement entre dans sa 21e semaine. Il restera comme le témoignage qu’en traversant la rue pour rejoindre les ronds-points, ces hommes et ces femmes qui ne voulaient pas se laisser abattre ont trouvé, à défaut de travail, la force de continuer à se battre…