Cannes 2019 : The Dead Don’t Die

Allégorie apocalyptique

Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose dysfonctionne. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à adopter des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques s’inquiètent. Mais personne ne pouvait prévoir l’événement le plus étrange et dangereux qui allait s’abattre sur Centerville : les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir. La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville.

Les avis de la bande :

 

Jim Jarmusch dynamite le film de zombies en le mêlant à d’autres genres (la SF, le policier et le film de samouraïs) pour une œuvre qui lui ressemble totalement, avec sa troupe familière d’acteurs, son rythme indolent habituel, ses questionnements existentiels. À la fois crépusculaire, burlesque et terrifiant, le cinéaste parvient habilement, à travers les codes des genres emmêlés, à questionner le cinéma (l’évocation réflexive de la fiction), le monde contemporain (et notre dépendance à la technologie), tout cela dans la plus grande décontraction.

Benoît Basirico

 

The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch est une astucieuse mise en abyme sur les menaces de fin du monde, l’invasion de zombies en guise de catastrophe naturelle. La drôlerie gore et le décalage accompagnent une critique acerbe de la société américaine, qui fait placidement l’autruche face aux périls. Bill Murray, plus pince-sans-rire que jamais, forme un couple truculent avec Adam Driver dans un hommage cinéphilique au genre fétiche de George A. Romero. Le maître ne se retournera pas dans sa tombe.

Olivier Bombarda

 

Film d’horreur minimaliste dans son scénario, The Dead Don’t Die est une amusante (et gentille) satire de l’Amérique de Donald Trump. Reste que dans un genre épuisé jusqu’à la moelle – le film de zombies -, Jarmush n’apporte rien de nouveau, malgré ses multiples tentatives. Au contraire, certaines idées donnent parfois une désagréable impression de déjà-vu.

Pierre Charpilloz

 

L’indolence habituelle des films de Jim Jarmusch promène ici avec elle une charge funèbre. Sous ses airs de farce apocalyptique, le cinéaste nous propulse dans un monde désaxé, où l’aliénation généralisée et le matérialisme sont sur le point de terrasser l’espèce humaine. Son allégorie pourrait faire sourire, avec ses mises en abyme, ses clins d’oeil cinéphiliques et la drôlerie des dialogues, mais elle a aussi quelque chose de terrifiant. Malgré son rythme trop dilaté et son scénario minimaliste, un climat de malaise profond opère. Fun, les zombies de Jarmusch ? Pas tant que ça…

Anne-Claire Cieutat 

 

Après les premières scènes, où l’étrangeté alanguie se mêle au plaisir de retrouver la bande de loustics, l’ennui gagne. L’incarnation de la transcendante Tilda Swinton n’y suffit pas. Cette comédie de zombies traîne lourdement la patte et s’enfonce dans une interminable séquence finale.

Olivier Pélisson