L'Attentat

On ne fait pas si facilement du cinéma d’un sujet au cœur de la question politique israélo-palestinienne. Le film que Ziad Doueiri a tiré du livre de Yasmina Khadra en creuse le symptôme : L’ Attentat passe la frontière, de l’un à l’autre camp, et de cette traversée revient irrésolu, confronté à la persistance, entre Tel-Aviv et Naplouse où il s’est tourné, d’une incompréhension mutuelle entre des peuples irréconciliés.  C’est l’expérience de cette impossibilité que fait son personnage central, Israélien d’origine arabe parti en quête d’une explication au geste de sa femme kamikaze, dont il ignorait tout de l’engagement et de la radicalisation. L’Attentat métaphorise à travers lui ce conflit israélo-arabe et la permanence de sa question qui ne trouve pas de réponse. Cette fiction posée sur la réalité d’une guerre, sa terreur, les profondes blessures laissées au cœur souffrant de tous, se met en scène sur le fil d’un équilibre précaire, prenant soin de se tenir éloigné de toute rhétorique de revendication, évitant comme le livre tout slogan, souligne Ziad Doueiri. Comme une introuvable révolte, comme une résignation passive. L’homme qu’il suit ne trouve pas la lumière et c’est tout le film qui reste dans ce noir profond, ses ombres sur nous.