Ex Machina

C’est presque une donnée du cinéma de genre : régulièrement y surgit, comme sorti de nulle part, un nouvel auteur se débarrassant des artifices pour mieux en faire revivre une certaine idée. Jonathan Glazer et le polar. Duncan Jones et la science-fiction vintage. Ou maintenant, Alex Garland (scénariste de Sunshine ou 28 Days Later) et son regard passionnant et dystopique sur notre rapport aux machines et à l’intelligence artificielle.Un savant fou, une maison-fantasme d’architecte perdue dans les bois, un jeune apprenti qui se voudrait bien plus malin que tout le monde et une ravissante robote, dont il s’agit de deviner si elle a une conscience ou non : le décor est rapidement et simplement planté dans ce Ex Machina, rendu vivant par des dialogues d’une précision brillante mais sans complexité inutile et un scénario préservant avec malice son mystère intriguant. D’un scénariste, on n’en attendait pas moins. Mais c’est aussi pour sa mise en scène que la bête impressionne. Tendue, anxiogène, extrêmement sûre d’elle-même, elle ne cède jamais aux tonitruantes sirènes de l’efficacité pour mieux organiser des jeux de transparence et de reflets faisant sans cesse écho à l’opacité des motivations de ces personnages, formidablement bien défendus par Oscar Isaac, Domnhall Gleeson et Alicia Vikander. Alex Garland n’est peut-être pas encore ce dieu du genre descendu parmi les hommes. Mais il est assurément un de ceux qui nous font croire que la science fiction a encore un bel avenir.