Ricki and the Flash

Chronique existentielle

Seconde fois que Jonathan Demme filme Meryl Streep, après la mère monstre d’Un crime dans la tête. Il a offert des rôles détonnants à Melanie Griffith (Dangereuse sous tous rapports), Michelle Pfeiffer (Veuve mais pas trop) et Anne Hathaway (Rachel se marie). Il dirige ici un scénario de Diablo Cody, ex-strip-teaseuse spécialiste des portraits de femmes décalés (Juno, Young Adult, série United States of Tara). Caissière le jour, Ricki Randazzo est rockeuse la nuit dans le quartier de Tarzana à L.A. Soudain, c’est le choc des retrouvailles familiales dans l’Indiana, quand son ex-mari l’appelle en urgence après le suicide raté de leur fille, plaquée par son homme. Ardu pour cette farouche indépendante, pro-Bush et anti-Obama, drapeau américain tatoué dans le dos, et qui regrette qu’un de ses fils soit homo à 100%.

Le ton de cette chronique existentielle modeste est à la comédie et à l’émotion. Les ressorts dramatiques reposent sur les antagonismes et rancœurs des êtres, et sur des répliques souvent bien senties. Avec l’art de Demme de donner du temps à chaque scène. Le bilan est simple : le cœur peut faire bouger la tête, surtout quand la chair de sa chair est en jeu. Bien entourée d’un ex-amour de cinéma (Kevin Kline), d’un vrai rocker (Rick Springfield) et de sa vraie fille (Mamie Gummer), miss Streep s’éclate. Et nous éclate. Elle chante, joue, boit, fume, déconne, lève les guiboles, et dynamite son personnage de vilain petit canard de retour au bercail.