Refugiado

Un enfant ouvre et clôt le film de Diego Lerman, Refugiado, sélection de la Quinzaine des réalisateurs en 2014. C’est avec les yeux de ce petit garçon, et à sa hauteur, au premier plan, que le cinéaste argentin traite avec une formidable sensibilité de la violence conjugale. Comment vivre avec cette violence, quand l’homme qui bat sa mère est son propre père, qu’on l’aime, que l’on ne peut concevoir qu’il puisse être une menace, faire du mal, être dangereux ? Diego Lerman s’attache à cette petite vie bouleversée quand un jour l’enfant retrouve sa mère au sol, rouée de coups. Pour la mère et son fils commence une errance, la peur au ventre, d’un refuge à l’autre, d’une cachette à une autre planque, pour échapper au père et mari violent. Dans ce film sombre aux couleurs froides, traversé par des ombres et des lumières nocturnes, Diego Lerman suit la mère mais cadre l’enfant. La mère pleure et l’enfant dans sa main veut comprendre, pourquoi diable les adultes se déchirent. Jamais Refugiado ne perd son point de vue. Il ouvre les yeux de l’innocence, les décille en douceur,  et ne juge jamais ce père violent qui restera toujours hors champ. Dans ce cauchemar, on ne verra jamais le visage du monstre.