L'Ombre des femmes

C’est l’histoire d’une femme et d’un homme. Ils sont simples, jeunes, beaux. Il réalise des documentaires, elle est monteuse et l’accompagne dans son projet sur un ancien résistant. Ils galèrent, mais s’aiment avec le minimum dans un vieil appart de Paname. Un jour, il rencontre une autre femme, qui devient sa maîtresse, puis découvre que sa compagne a un amant… Bienvenue dans l’univers feutré, intime, parisien et en noir et blanc de Philippe Garrel. On pensait avoir fait le tour du dispositif du cinéaste. Et puis non. Le charme l’emporte. Un vent de nouveauté souffle. Le jeu de la densité entre les lumières et les ombres du chef op’ Renato Berta enveloppe. Les subtilités narratives et émotionnelles du scénario écrit à quatre (deux hommes et deux femmes) emballent. La mélancolie se dispute à l’élan. L’ensoleillement à la déchirure. Les corps à l’image sont inédits dans la galaxie Garrel, et rafraîchissent son « Who’s Who ». Clotilde Courau y trouve son plus beau rôle, depuis ses débuts en grande sœur du Petit criminel de Jacques Doillon. Elle irradie d’émotion à fleur de peau. De finesse dans les états contradictoires de la relation amoureuse. Elle est bouleversante. Stanislas Merhar apporte sa maturité magnétique au personnage double du cinéaste, à la fois séduisant et insupportable. Vimala Pons injecte sa drôlerie en quelques plans. Et Lena Paugam incarne courageusement la nouvelle venue, l’intruse.