De l'autre côté de la porte

Il compte ses pas de la maison à l’école et de l’école à la maison ; un jour, sans raison, il jette le cartable de son petit frère par terre. Le soir, sans explication, il ne descend pas de sa chambre pour manger. Et puis, Hiroshi ne sort plus du tout, cloîtré derrière cette porte au pied de laquelle sa mère lui dépose ses plateaux repas, et sous laquelle il glisse des petits mots réclamant de l’eau ou énonçant ces paroles terribles : « Je voudrais que tout le monde disparaisse ». Ce premier long-métrage tourné au Japon par un réalisateur né et ayant étudié à Londres, observe et expose un phénomène connu au pays du Soleil-Levant sous le nom de « hikikomori », ce qui signifie « retrait social » et touche près d’un million de jeunes Japonais. D’une rigueur documentaire, dans un noir et blanc superbe, la spirale infernale d’une lenteur implacable se déroule sous nos yeux, à travers le personnage de la mère qui, ne sachant que faire, laisse s’installer cette situation durant presque deux ans. Les comédiens non professionnels et des médecins spécialistes de cette « maladie » entourent le héros, interprété par Kenta Negishi, lui-même ancien hikikomori. Beau et réaliste, saisissant comme une sorte de film d’horreur sans effets, sans cris ni sang, ce film lancinant et fascinant dresse un état des lieux terrifiant d’une certaine jeunesse désenchantée. Et de ce que peut être le suicide par réclusion volontaire…